Pastis à Saint-Trop

Ouvrir un quatre étoiles nommé Pastis, il fallait oser ! C'est pourtant le pari abouti de Pauline et John Larkin, fraîchement piqués au jeu de l'aventure hôtelière. Si on trinque à la p'tite gorgée anisée sur le littoral varois avec espadrilles et bandana, outre-Manche, it's so chic. Et puis, « en anglais, en russe ou en chinois, pastis c'est pastis ». Côté rue, on remarque à peine sa façade d'hôtel particulier bien propret et mieux vaut extirper sa tête hors de la portière de l'auto pour en lire l'enseigne verticale. Une fois repérée l'ancre échouée sur le terre-plein central, juste avant la pompe à essence, on bifurque à angle droit pour se faufiler entre deux murs jusqu'au portail magique où une voix sympathique vous invite à longer le bâtiment par l'arrière et enfin découvrir une oasis secrète saturée de soleil. Pas une pièce ne manque à ce puzzle méditerranéen. Ni les palmiers, le figuier, les oliviers, le parfum des herbes aromatiques, ni les arcades coiffées de leur chapiteau, les tuiles romaines, les volets à lamelles...pas même le mur de canisses et le boulodrome. Les chaises longues impeccables reposent sur la plage du bassin-piscine dans lequel se reflètent, selon l'heure, les différents corps de bâtiment qui abritent dix belles chambres. Avant de déposer ses valises dans le hall d'entrée, le porche de la terrasse offre une halte rafraîchissante, sur les coussins immaculés d'un salon en bois de manguier blanchi. Seul clin d'oeil bristish visible pour le moment, les boules de buis taillées comme des têtes de premiers communiants. Sur le seuil, Pauline et John ; secondés par André et Monica, vous accueillent comme des amis. En partant, ils vous serreront dans leurs bras. Pour l'heure, on entame un tour de propriétaire, en commençant par l'entrée, bar, réception où trônent un élégant piano à queue laqué noir, une cheminée en pierre Louis XVI chinée chez RCB, un zinc flambant neuf, réalisé par un spécialiste sur un dessin de John, une poignée de petites tables et chaises de bistrot, une vitrine remplie de carafes Pernod, berger, Duval...entre des murs cimaises couverts de tableaux et de photographies de leurs artistes fétiches, David Hockney en tête d'affiche. Le ton est donné, éclectique, personnel, joyeux. Et l'espace suffisant pour remplir toutes ces fonctions. Devisant sur les déboires administratifs et les problèmes de construction auxquels ils ont eu à faire face pour réhabiliter l'ancien hôtel Les Chimères, avec le concours de François Vieillecroze pour la structure, sans parler des travaux d'Hercule pour déplacer les palmiers abandonnés à la sécheresse, on emprunte la spirale de l'escalier vers les chambres spacieuses, douces, lumineuses qui ont chacune leur échappée vers la mer. Au sol courent de belles planches de chêne blanchi et quelques miroirs baroques réfléchissent la gestion contemporaine de l'espace, dans lequel ont trouvé place des lits en bois grisé adroitement associés à des banquettes et fauteuils design, des reproductions Pop Art ou des collections d'objets posés avec justesse. Les menuiseries en bois massif réalisées sur mesure dévoilent de vastes penderies ou mènent à une salle de bains où il fait bon se bichonner. Un placard ouvre sur un minibar XXL, la literie est excellente, le double vitrage sans faille... Pauline et John ont exigé le meilleur des matériaux et conçu des volumes généreux. Comme une synthèse de leurs haltes préférées, butinées en France pendant plus de vingt ans : La Bonne Etape à Château-Arnoux ou leur chère Colombe d'Or à Saint-Paul-de-Vence. L'ensemble a du caractère, de la fantaisie, à l'image des propriétaires au passé de designers passionnés par tout ce qui touche à l'art et au french art de vivre. Visionnaire de profession, John avait, bien avant le premier coup de marteau, planifié et dessiné la fluidité et la transparence de l'espace, décidé la place de toutes ces choses qui ont empli leur vie de collectionneurs chineurs...L'hiver dernier, Peter Mayle a été un des premiers à goûter au charme de cette escale, tout en savourant sur des rythmes jazzy les bons crus débusqués par John. Depuis, l'écrivain leur envoie toutes les versions de son livre Hôtel Pastis...comme une promesse de succès.

Pastis, 61 avenue du Général-Leclerc, 83990 saint-Tropez
Tél : 04 98 12 56 50. Site : pastis-st-tropez.com
Chambres de 175 à 500 €. Petit déjeuner, 20 ou 30 €.