Full story
Une oasis d'intimité
Impossible de décrire le Pastis Hôtel sans parler de son emplacement. Stratégique ! À l'entrée de Saint-Tropez. La route des plages à deux cents mètres, le port en cinq minutes à pied. Une situation exceptionnelle doublée d'un indéfinissable bonheur. Celui de partager la quiétude d'un patio comme rafraîchi aux eaux vertes d'un lagon l'après-midi, aux eaux noires d'un torrent le matin, lorsque le soleil effleure à peine le miroir de la piscine en ciment peint.
Omniprésent puisque les bâtiments le ceinturent sur trois côtés, ce bassin rectangulaire affiche, côté dimensions, 15 m x 5 m au carnet de bord de cet hôtel particulier de luxe créé de toutes pièces par John et Pauline Karlin. À l'origine, une propriété dans un état relativement délabré qui « parle » tout de suite à ce couple d'Anglais. Lui est designer industriel, elle architecte d'intérieur et tous deux unis par un même amour des rivages azuréens qu'ils parcourent inlassablement depuis plus de vingt ans. Monter un hôtel, ne serait-ce pas là le meilleur moyen d'infiltrer le coeur de cette France si attachante qu'ils vont caricaturer avec un humour so british ? Ainsi du nom : Pastis Hôtel. Breuvage universel (ou presque) qui se décline sous le même vocable en italien, russe, anglais...Seuls les trémolos des accents diffèrent. Côté déco, on n'évitera pas les haies de canisses, le petit boulodrome où clients et hôteliers se retrouvent parfois pour des parties acharnées. Un art de vivre si convivial que John n'a pas hésité à installer un petit « zinc » refait à la mode d'hier, d'après ces dessins. Portes largement ouvertes aux hôtes du moment comme aux autochtones. Il n'est pas rare, les soirs d'hiver, de retrouver quelques Tropéziens de souche discutant des qualités d'une bouteille dénichée par John. Une « french attitude » appréciée par Peter Mayle qui leur a dédicacé plusieurs éditions étrangères de son roman Hôtel Pastis.
Derrière la façade d'une maison classique du siècle dernier, c'est tout l'univers de Pauline et John qui transparaît. Ils ont aménagé leur hôtel d'après leurs expériences passées. Se sont appliqués à proposer ce qui les avait séduits au gré leurs voyages de par le monde. Les chambres sont vastes, lumineuses, équipées bien évidemment de la bouilloire anglaise, si appréciée au réveil. Le mobilier mêle avec goût couvertures piquées blanches, kilims anciens, baldaquin et assises phares du XXe siècle, avec des canapés signés Mies van der Rohe ou Le Corbusier. À moins que ce ne soit une banquette de Thonet en bois courbé et cuir. Mais rien n'égale le plaisir d'ouvrir les yeux sur un pop art triomphant (tableau de Bob Marchant, lithographie de Roy Lichtenstein, photographies de David Hockney ou Nicolas Tucker). Indéniablement, Pauline et John vous reçoivent chez eux et partagent avec une générosité sans égale leur intimité.
(1) : Le bâtiment central existait. Sous la férule de trois architectes, dont François Vieillecroze, il s'est paré de génoises, de tuiles romaines.
|
|