Symphonie de bois sur la Côte d'Azur
En tout cas, la moins dégradante pour l'environnement immédiat. Un souci poussé jusqu'à l'installation d'un réseau de canalisations et de cuves permettant de récupérer les eaux des pluies. Initiée par l'agence tropézienne Transacmer, qui souhaitait « donner à ses clients l'envie de vivre différemment, comme à Bali ou en Californie », la réussite de cette maison laisse entrevoir la possibilité d'envisager d'autres projets de ce type. L'architecte François Vieillecroze a su parfaitement interpréter et retranscrire les aspirations du propriétaire en conciliant beauté, modernité et respect du paysage. Construite en douze mois au lieu des deux ans habituels, elle a nécessité des fondations très réduites, autre gage de respect du site. « Réputé à la fois pour sa résistance, sa souplesse d'utilisation, sa rapidité de mise en oeuvre et ses qualités écologiques, le bois a permis de concrétiser une ambition nouvelle qui, tout en donnant la possibilité d'une grande variété de volumes, de percements et d'implantations, donne une esthétique respectueuse de son cadre naturel, validée par l'architecte des Bâtiments de France ».
L'empreinte du temps et des hommes
On pénètre dans cet univers pensé jusqu'au moindre détail via un « chemin de transition ». Inspiré d'une tradition japonaise, le pavé y est disjoint, pour que l'on soit obligé d'y marcher doucement. Une étape nécessaire, selon ses concepteurs, pour se défaire du stress accumulé à l'extérieur. Le sentier, bordé d'agaves, est marqué par des traverses de chemin de fer hérissées. L'équivalent d'un pont-levis végétal, qui structure un mur virtuel ouvert sur le paysage. Loin de tout effet facile, le jardin reprend tout ce que l'on trouve à l'état naturel en presqu'île. Sur un hectare, il est constitué d'essences locales (lentisques, oliviers, genêts, arbousiers...) que le paysagiste a su associer avec celles trouvées sur le terrain à l'état sauvage avant les travaux de terrassements. La maison, d'une superficie de 400 m2, se découvre en de multiples perspectives grâce aux immenses baies vitrées frontales. Le soleil entre le matin par la cuisine et suit au long de sa course quotidienne les ouvertures de la maison, jusqu'à la chambre des propriétaires. Génialement décorée, celle-ci laisse entrevoir un plancher issu d'un wagon à bestiaux trouvé en Savoie, une baignoire immergée dans la verdure et son meuble de toilette taillée dans un bloc d'ardoise bretonne de plusieurs centaines de kilos !
Rien n'est laissé au hasard. Le propriétaire raconte ainsi que « les portes montent au plafond pour offrir encore plus d'ouverture entre les pièces. Les couleurs intérieures sont neutres, ajoute-t-il, afin de respecter un équilibre affectif et émotionnel nécessaire à une vie quotidienne sereine et un plaisir de vie tout au long de l'année ».
Le parquet des pièces communes est en béton usiné, volontairement brut par endroits, comme pour mieux marquer l'empreinte du temps et des hommes.\r\nParfaitement intégrée à son cadre naturel, la maison est posée sur des piliers, donnant l'illusion qu'elle flotte sur le jardin de plantes aromatiques. Une illusion entretenue, au réveil, par les arômes de thym exhalés par la rosée... « C'est une autre façon de vivre, loin de l'extravagance de Saint-Tropez. Nous avons essayé de créer un espace moderne, beau, respectueux de l'environnement. Nous voulions aussi démontrer que construire n'est pas synonyme de bétonnite aiguë... »
Avec ses quatre chambres, cette maison vit au rythme de la famille qui l'habite. Il ne reste plus qu'à installer la piscine l'hiver prochain pour que le rêve soit entièrement réalisé. Dès l'été 2006, cette symphonie de bois devrait être proposée à la location. (L.C.)